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LA JOYEUSE DYNAMIQUE DU SON

Au commencement était le Verbe, et le Verbe était son. Et l'Humanité, s'en emparant, le fit musique en le structurant, déstructurant, en le sculptant, en jouant avec. Ainsi, elle devint à son tour créatrice de mondes nouveaux, multiples, à la fois uniques et universels. Dans la philosophie indienne, le créateur dit l'Univers : c'est la théorie du Verbe Divin. Le monde n'est qu'une parole, un chant divin par lequel s'exprime l'idéation du Créateur. A l'Ouest, les scientifiques décrivent l'origine de l'univers par un Big Bang, sorte de manifestation sonore et créatrice. Il est NOUN en Egypte, AKASHA dans l'Hindouisme, mais toujours 'océan primordial' dont le son serait une partie de la force électromagnétique dans lequel baigne l'univers. Explorons le son.  A la sauce VAGUE(S). 


vague(s) magazine pureplayer, intuitif et évolutif : la joyeuse dynamique du son

 

Immatériel, invisible, d'origine cosmique d'après de nombreux mythes, le son, manifestation de l'énergie pure qui constitue notre environnement, est fréquence et rayonnement, avec ses longueurs, ses hauteurs, ses vitesses. Il se mesure en HERTZ - nombre de tours par secondes - car on considère que le son pur est mouvement circulaire. Entre nos oreilles et nos mains, il nous permet d'épanouir pleinement nos facultés humaines, car le son, c'est la vie. Et que l'homme chante ou parle, il ne fait qu'exprimer des variations entre vibrations sonores. 

 

La forme du son

vague(s) magazine pureplayer, intuitif et évolutif : la forme du son

Dans le film Rencontre avec des hommes remarquables, inspiré des écrits de Gurdjieff, des musiciens concurrents doivent trouver la note juste qui fera chanter la falaise au pied de laquelle ils se produisent. Le gagnant fait résonner le rocher en une note éclatante ! 

 

Si le pouvoir de résonance du son sur la matière et sur le corps organique est connu depuis des millénaires, c'est au XVIIIème siècle qu'Ernst Chladni, physicien allemand, expérimente la forme du son. Depuis, l'expérience a été renouvelée des centaines de fois par différents chercheurs. Sur l'eau, sur le sable, qui se fragmente en cellules symétriques et complexes. Des figures que l'on retrouve dans les structures du vivant et de l'inerte : polyèdres, fractales, spirales. Le son façonne l'informe matière en lui apportant une information structurelle. Il est donc simple de comprendre l'effet du son, de sa résonance sur nos organismes et nos esprits. 

 

Corps récepteur, corps instrument, cymbale, lyre et violon. Les vibrations sonores ne stimulent pas seulement nos tympans. Elles sculptent véritablement le corps, en mettant en vibration les parties de notre corps, en fonction de la hauteur et du timbre de ce son. C'est au quotidien que nous vivons ces résonances : le HAKA des joueurs de rugby prépare le cœur et l'esprit à la victoire. Ou pas. La sirène du mercredi induit une attention subite, un sentiment d'alerte. Les sonneries de recul des camions de voirie au petit matin ont un grand pouvoir d'irritation. Le son inattendu d'un joueur d'accordéon au coin de la rue provoque un sentiment de plaisir ou de nostalgie, et celui des cloches rythme la vie des villages. Le silence même résonne en nous. 

 

On sait aujourd'hui que la musique, ou le son agissent sur la chimie du cerveau et du corps. C'est pourtant une connaissance qui nous vient de loin. La caste millénaire des Brahmanes, élite spirituelle de l'Inde, avait connaissance de la puissance du son et de son impact, notamment sur le système neurologique, pour favoriser l'ouverture de l'Être à des dimensions plus élevées de la Conscience. Pratiquant la voie du Nada Yoga, voie du son qui nous connecte à l'Absolu, ils considéraient que la vibration du célèbre AUM - son le plus parfait que prononce l'être humain - permettait cette relation. 

 

Par l'écoute de mantras, de sons de cloches, puis par la pratique vocale des syllabes et des voyelles, considérées comme des fréquences d'énergie pure, cette voie conduit à une meilleure connaissance de soi et de son environnement. En Occident, si la musicothérapie n'annonce pas une élévation de la conscience ou une connexion au divin, elle concourt tout de même au bien être, base d'une meilleure appréhension du monde. Elle se décline aujourd'hui sous des dizaines de formes et de pratiques et applique les bienfaits du son, tels que les connaissent Tibétains, Grecs ou Chamanes. Il s'agit toujours d'organiser la rencontre entre la vibration du corps et celle de l'instrument utilisé pour créer une résonance. Et de traiter le corps par le son, harmonique de préférence, de façon holistique. 

 

Les vertus du bol tibétain sont ainsi utilisées pour provoquer résonance cellulaire, synchronisation des ondes cérébrales et guérison par le chant de l'ustensile. L'écoute à l'aide d'un casque de sons binauraux dont la fréquence et la tonalité diffèrent pour chacune des oreilles, stimule l'attention ou la mémoire par la modification des ondes cérébrales. Des programmes de stimulation neurosensorielle pour faciliter la rééducation de l'ouïe et de la voix, ou l'étude des langues, ont été mis au point par Alfred Tomatis et utilisés avec succès par  des milliers de personnes. Ils apprennent à chanter avec leur oreille, comme le disait ce médecin ORL. Stimulation de zones précises du cerveau, activation des capacités mémorielles, traitement du cancer, le son est utilisé partout pour son efficience. La musicothérapie ne guérit pas toujours, mais apporte du bien être, retarde les dégradations neurologiques dans les cas d'Alzheimer, fait baisser ma pression artérielle, apaise ou excite le rythme cardiaque. Il s'agit là encore d'agir sur la matière - notre corps - qui est énergie vibrant à des fréquences de vibration différentes. A partir de cette vision, l'être, composé de particules et d'ondes en mouvements constants dans l'eau qui nous compose, peut recevoir en tous points les effets de la propagation du son. Et quand l'harmonie des cellules et des organes est atteinte, la santé se restaure. On va même, dans les cas de recherche de sensation pure, proposer des appareils comme le BASS ME, le caisson de basse à poser sur la poitrine. Il s'agit d'un système d'ondes sonores et de vibrations qui propulse l'auditeur au cœur du son, en le secouant au tréfonds de son être. La start up qui commerciale le produit est installée à Perpignan.


Le rythme plutôt que le style

Le Canon de Pachelbel est considéré par beaucoup comme une mélodie parfaite. Ses huit notes correspondraient aux huit acides animés essentiels pour notre corps et boosteraient leur production. Bach stimulerait nos fonctions cognitives et Mozart rendrait intelligent ! 

 

En réalité, c'est davantage le rythme que le style musical qui influe sur notre physiologie. Inutile donc de se mettre à la musique classique pour se sentir bien : une polyphonie pygmée ou un chant celtique peuvent être tout aussi efficaces. Il suffit que ce soit des harmoniques ou des monotones comme les bruits blancs faits de sons uniformes qui n'ont ni hauteur ni rythme perceptibles et dont l'énergie est répartie sur toutes les fréquences. 

 

Nous pouvons ainsi entrer en transe lors d'un concert de musique techno, danser sur un air de samba ou au son du tambour, nous endormir sur une symphonie ou une berceuse. 


De la création musicale

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Du fond de sa surdité, effective autour de ses 33 ans, Beethoven entendait sonates et symphonies. Il nous arrive souvent d'entendre l'air, la chanson que nous évoquons mentalement, comme une voix intérieure. Ce chant mental, que l'on fredonne silencieusement, peut être un air déjà connu, ou être une pure invention. Nous pouvons faire surgir une idée musicale de notre champ intérieur. 

 

Le musicien, le compositeur, le chanteur, agent de liaison entre le cosmique et le terrestre, nous transmet le son sous forme de musique, pour notre plaisir, notre bien être. Et ainsi, à l'Ouest comme à l'Est, au Nord et au Sud du monde, le son poursuit sa course. S'il est souvent d'un côté nuisance technologique, de l'autre, il s'orne de la merveilleuse capacité d'invention des musiciens et des compositeurs. 

 

Ainsi, chez les compositeurs et chercheurs Ewerton Oliveira et Philippe Kadosch, et chez beaucoup d'autres, on retrouve la même démarche d'explorateurs du son, la démarche de ceux qui déconstruisent pour créer ou recréer d'autres univers sonores, de nouvelles vibrations. Ils vivent une relation à quelque chose qui n'est pas et qu'ils font surgir d'un univers mystérieux, le "pays des merveilles", et ce faisant, amplifiant le concert universel, ils bénissent le monde et l'enchantent, une fois de plus, encore et encore. Il suffit de tendre l'oreille. 

La NASA, en un processus élaboré qui convertit les ondes radio et électromagnétiques en énergie son, prétend nous faire entendre depuis l'espace le chant des planètes. La plupart émet un bruit à la sonorité régulière et quasi monotone. Et si celui de Saturne évoque le vent qui souffle, Vénus, une trompette d'Airain, le nôtre semble bien agité. Sourd, rythmique avec des variations. 

Quand à ce son produit par l'Humanité, sons de joie, de guerres, de machines, ce tissu sonore du monde qui se perd probablement dans les étoiles, nous ne pouvons que supputer ce qu'il dit de nous. Mais nous pouvons être certains que d'une façon ou d'une autre, ce joyeux 'bordel' désorganisé fait vibrer tout l'univers. Magique, non ? 


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